7 Lames la Mer - À la une

Le bal des Noirs annonçait-il la créolité ?

Interdit en 1819 par le gouverneur Milius, le bal des Noirs sera en fait considéré avec une «indulgence paternaliste»… pourtant les musiques qui forment cet environnement musical révèlent une dissonance fondamentale dans l’univers bourbonnais : celle de l’esclavage ! Sans doute les planteurs ont-ils pensé et prescrit un monde apaisé. Mais la perpétuation de l’image d’un Eden ancien où, selon la tradition mythique, ils étaient leurs seuls et propres maîtres, où l’appartenance n’était pas allégeance, dénonce la vision quasi-ethnographique du présent comme un passé toujours là.

Esclavage et amour : lété pas doux !

Le métissage biologique issu de la période esclavagiste qui a façonné la société réunionnaise dans la violence [et le viol] constituait-il «l’horizon pacifique de la colonie» ? Pour en finir avec cette fable qui voulait que l’esclavage à La Réunion fût «plus doux qu’ailleurs», il faut sans doute explorer les méandres de l’histoire qui mènent à une vérité à mi chemin entre la fable et l’enfer du décor.

Sakay : sur les traces d’une ville fantôme

Séjournant dans la Grande île pour travailler avec des artistes malgaches sur l’opéra «Fridom», Jean-Luc Trulès et Emmanuel Genvrin en ont profité pour sillonner la Sakay, du nom de la rivière qui coule dans la plaine. «Sakay», qui signifie «piment» en Malgache, a inscrit dans l’imaginaire collectif réunionnais des sentiments très contrastés. C’est en tout cas le thème qui inspirera la prochaine création de Jean-Luc Trulès et d’Emmanuel Genvrin qui nous ont ramené un reportage photos et des commentaires.

«Aucune cantine ne pourra être tenue par un noir»

«Madina ouvr’ ton cantine / Nous va boir’ un coup…»… Il ne s’agit pas là d’un «restaurant scolaire», mais bien d’une petite gargote qui délivre boissons, le plus souvent alcoolisées, et quelques encas. Disparues, les cantines sont les lointains ancêtres de nos camions-bars. Des établissements qui, il y a un peu plus de deux siècles, étaient interdits aux Noirs :« Aucune cantine ne pourra être tenue par un noir», stipulait en effet un règlement de police datant de 1790…

Volcenay Zitte, le corps à Salazie, la tête à Saint-Denis

Zitte. Mais dan la tonm, na rien que le corps, la point la tête. D’après sa que de moune i dit, la tête serait enterré Sainnis, i connaît pas quel côté. Mais qui sa l’était ce Volcenay Zitte ? Madame Tiburce, Grand Place, la dit : «La pas bon raconte zistoire le crime, à cause vi connaît, le zaffaire lé risquabe arlevé !»

Ti Frère forever, aussi pour les jeunes générations ?

Pour Victoria, adolescente, pour tous les ados, et tous ceux qui ne le sont plus…
— «Dis-moi, Victoria, tu connais Ti Frère ? Au moins le nom ?»
Victoria me répond : — «Ti Frère ? Non, jamais entendu parler.»
Réponse d’adolescents en 2014. Encore Ti Frère ? Ti Frère, le passé ?

Calle 13 : Tu ne peux pas acheter ma vie !

La musique comme arme… Un slogan qui a inspiré bien des artistes de l’océan Indien. D’un océan à l’autre, des îles aux îles, nous abordons Puerto Rico où la musique de «Calle 13» — reggaeton, rap urbain, hip-hop — nous réveille d’une sorte de torpeur qui confinait à l’ennui. Avec des textes d’une rare poésie «écrits sous les nuits étoilées» et qui vibrent comme un poing levé : «Tu ne peux pas acheter mes douleurs» ! Musique !

Poulet vindaloo à la sauce Pépé José : gout a li !

Le poulet vindaloo de Pépé José faisait partie des plats cuisinés pour les grandes occasions. Histoire de démontrer aux heureux convives qu’il s’y connaissait en cuisine internationale ! Et attention à ceux qui ouvraient la bouche pour donner leur version de la recette… Ils étaient priés de ne l’ouvrir que pour s’aérer la langue poiquée par le piment