7 Lames la Mer - À la une

Le testament de Madoré

«Moin lé né dann fantaisie !» L’enfance de Madoré a été bercée par les chanteurs de rue, les montreurs de marionnettes, les jacquots malbars, les gratteurs de banjo, les joueurs de bobre… Héritier de ces personnages fantasques du « théâtre » des quartiers populaires, il établira plus tard la rue comme sa véritable scène. Hommage à celui qui rêvait «d’horizons plus vastes ou de plus longues routes hantées des vents du large», Henri Madoré, le dernier chanteur de rue de La Réunion, né le 11 avril 1928, mort le 31 décembre 1988.

Viv an kréol… Vivre en créole

Depuis les rives de l’enfance, on entendait Madoré, le chanteur de rue, déblatérer avec malice sur les «Zenfant bâtard» ; une «batarsité» que «maloyera» plus tard Danyèl Waro. On achetait des billes à la «boutique chinois, pou joué kanèt», on mangeait des bouts de canne à sucre décortiqués avec les dents, on guettait le jako-malbar, on jouait Kadok dans la cour de l’école et on espérait le «bonbon-ramadan» aux parfums envoûtants. Vivre en créole ! Sa mèm : viv an kréol.

Qui a tué Rico Carpaye ?

«Tu es pauvre. Ils sont puissants», déclare Paul Vergès dans un cimetière, au milieu d’une foule prise entre colère et chagrin alors que tombe la nuit, ce 16 mars 1978. Deux jours auparavant, le 14 mars 1978, Rico Carpaye, Portois de 17 ans, trouvait la mort au carrefour du Sacré-Cœur sous les roues d’une camionnette conduite par un nervi. Ses assassins n’ont pas été poursuivis par la Justice.

Oté Hitler ! Sote pa la barièr

«Saute pas la barrière Hitler !». C’est le titre d’une chanson créole fredonnée à La Réunion pendant la Seconde Guerre mondiale. Les souvenirs liés à cette chanson conduisent Daniel Vabois sur les traces de notre mémoire populaire et sur les destinées des œuvres laissées par les créateurs de notre « péï-zonbri » [terre natale]. Sollicitant lui aussi ses souvenirs, Jean-Claude Legros raconte que, dans la période suivant les deux guerres mondiales, les Créoles des hauts avaient pris l’habitude [vengeance, revanche ?] de donner à leurs chiens des noms de chefs allemands, les plus répandus étant ceux de Hitler et de Bismarck.

Wilhiam Zitte : pas d’amnésie pour le kaf

«Je me suis toujours construit sur la dissidence et la polémique», disait Wilhiam Zitte. Kaf Rebel [cafre rebelle], inventeur de l’arkréolozi [art/créologie], parti pour le dernier marronnage le 22 juin 2018, le marronage dont on ne revient pas, lot koté la vi [Kaf la baré…], Wilhiam Zitte a ouvert un chemin où le «kaf lé zoli». Ti somin, gran somin… alalila !

Les amants maudits traqués dans la ravine

Lorsque vous empruntez la route du Littoral en direction de Saint-Denis, peu après la Grande Chaloupe, vous distinguez dans un fouillis de verdure un hameau qui semble figé dans le passé : Ravine à Jacques. Il y a trois siècles, un esclave du nom de Jacques s’est jeté du haut de la falaise à cet endroit pour échapper aux chasseurs de marrons. Une histoire d’amour qui finit mal…

«Chez Marcel», dernier maloya ruelle Chinois

Battements de cœur/battements de maloya. Echo d’un chœur surgi du passé. 1991 : la photo publiée sur un réseau social par Victor Erapa a secoué les mémoires engluées dans le virtuel. Comme un bon koudvan [coup de vent] balayant toutes les futilités virales du moment. Oté ! Les ti’pains Sorbe — chauds — récoltés à la fin d’une nuit blanche. Et les bols avalés «Chez Marcel» à quelques pas du petit matin. Résistance mémorielle !

De la «Pompe Zamal» à la «Tortue», histoire de fontaines

Des pompes, des anges créoles, une tortue… Voici l’histoire — parfois baroque — de quelques fontaines de La Réunion. Des points d’eau, lieux magiques, où se nouaient des intrigues, où l’on venait glaner les derniers commérages, recharger les arrosoirs, préparer la rébellion et parfois étancher sa soif. Pour que les fontaines continuent de ruisseler !

Que viva Tina Modotti [et la révolution] !

Elle est la première femme à porter des jeans à Mexico et elle fume la pipe. Libre, avant-gardiste, amoureuse indépendante, Tina Modotti attirait tous les regards. Féministe, révolutionnaire ardente, internationaliste, artiste, militante, pasionaria, muse, espionne, égérie. Pourtant, l’œuvre de cette pionnière du «photo-journalisme social» ne sera reconnue que tardivement et surtout à titre posthume. Voici l’histoire de Tina Modotti, héroïne éternelle qui repose à Mexico dans un cercueil d’exilée.

Mystérieux visages dans la montagne (1)

L’île de La Réunion n’a pas encore livré tous ses secrets. Ils sont sous nos yeux et pourtant, notre oeil ne les perçoit pas. Il suffit, un jour, d’un point de vue différent, d’une perspective décalée, d’une photo que l’on regarde à l’envers ou sur le côté, et le visage apparaît. Tellement évident que l’on s’en veut de ne pas l’avoir capté dans le réel. Découverte d’une facette de la face cachée de notre mystérieuse île.