Catégorie : Histoire & Légendes

Abolition de l’esclavage : le grand plongeon

«Comment l’esclave est-il passé de l’asservissement à la liberté ?» Ou plutôt… : «Qui a opéré le passage d’un système politique qui dénie la liberté, au système républicain qui la postule ?» La réflexion se porte alors non sur les modalités, mais sur les acteurs. Aussi paradoxal que cela paraisse, les acteurs en sont les sucriers, ceux-là mêmes qui profitaient du système !

Clotilde, la femme qui a vu Sarda

20 décembre 1848, l’esclavage est aboli. 150 ans plus tard, un cortège bariolé envahit la rue de Paris. Chars, musiciens, danseurs, couleurs, chœurs, fleurs, roulèr… La peau cabri gazouille. Les mains frappent la cadence. Les pieds pilent le macadam. Au milieu de la foule bigarrée, je reconnais quelques visages familiers : Expédite, France, Jean, et d’autres qui leur ressemblent comme des goûtes d’eau. C’est la famille Laope en grande tenue qui donne de la voix. Visages radieux. Un défilé pour célébrer les ancêtres, ceux que l’esclavage a marqués au fer rouge. 17 ans plus tard, je revis la même scène mais dans un livre…

Anges et démons… l’esclavage vu par une petite fille

«Le Journal de Marguerite» est un roman publié en 1857 par Victorine Monniot, qui a vécu avec sa mère à Bourbon de 1835 à 1845. Il rapporte le regard d’un enfant sur la réalité coloniale de notre île, en particulier sur l’esclavage… Avant même de débarquer, l’héroïne, Marguerite, voit dans sa longue vue, sur le rivage, à côté des colons habillés de blanc, «des Nègres et des Négresses» : ce monde en noir et blanc est celui dans lequel elle va vivre.

Le bal des Noirs annonçait-il la créolité ?

Interdit en 1819 par le gouverneur Milius, le bal des Noirs sera en fait considéré avec une «indulgence paternaliste»… pourtant les musiques qui forment cet environnement musical révèlent une dissonance fondamentale dans l’univers bourbonnais : celle de l’esclavage ! Sans doute les planteurs ont-ils pensé et prescrit un monde apaisé. Mais la perpétuation de l’image d’un Eden ancien où, selon la tradition mythique, ils étaient leurs seuls et propres maîtres, où l’appartenance n’était pas allégeance, dénonce la vision quasi-ethnographique du présent comme un passé toujours là.

Esclavage et amour : lété pas doux !

Le métissage biologique issu de la période esclavagiste qui a façonné la société réunionnaise dans la violence [et le viol] constituait-il «l’horizon pacifique de la colonie» ? Pour en finir avec cette fable qui voulait que l’esclavage à La Réunion fût «plus doux qu’ailleurs», il faut sans doute explorer les méandres de l’histoire qui mènent à une vérité à mi chemin entre la fable et l’enfer du décor.

Sakay : sur les traces d’une ville fantôme

Séjournant dans la Grande île pour travailler avec des artistes malgaches sur l’opéra «Fridom», Jean-Luc Trulès et Emmanuel Genvrin en ont profité pour sillonner la Sakay, du nom de la rivière qui coule dans la plaine. «Sakay», qui signifie «piment» en Malgache, a inscrit dans l’imaginaire collectif réunionnais des sentiments très contrastés. C’est en tout cas le thème qui inspirera la prochaine création de Jean-Luc Trulès et d’Emmanuel Genvrin qui nous ont ramené un reportage photos et des commentaires.

«Aucune cantine ne pourra être tenue par un noir»

«Madina ouvr’ ton cantine / Nous va boir’ un coup…»… Il ne s’agit pas là d’un «restaurant scolaire», mais bien d’une petite gargote qui délivre boissons, le plus souvent alcoolisées, et quelques encas. Disparues, les cantines sont les lointains ancêtres de nos camions-bars. Des établissements qui, il y a un peu plus de deux siècles, étaient interdits aux Noirs :« Aucune cantine ne pourra être tenue par un noir», stipulait en effet un règlement de police datant de 1790…

Volcenay Zitte, le corps à Salazie, la tête à Saint-Denis

Zitte. Mais dan la tonm, na rien que le corps, la point la tête. D’après sa que de moune i dit, la tête serait enterré Sainnis, i connaît pas quel côté. Mais qui sa l’était ce Volcenay Zitte ? Madame Tiburce, Grand Place, la dit : «La pas bon raconte zistoire le crime, à cause vi connaît, le zaffaire lé risquabe arlevé !»