Auteur : Nathalie Valentine Legros
Les derniers jours d’une «boutique chinois»
«Cette boutique a 80 ans !» s’exclame le vieux Chinois — pourtant peu bavard — derrière son comptoir. Il faudra se contenter de quelques indices glanés au fil d’une conversation à laquelle il participe du bout des lèvres tandis que madame s’éclipse dans l’arrière-boutique pour échapper à notre appareil photo. En franchissant la porte de ce commerce rescapé et planté dans la rue commerçante qui clignote comme un sapin de Noël, nous remontons le temps en ce mois de décembre 2014. Bientôt, il sera trop tard… Il est déjà trop tard. Visite d’une vieille «boutique chinois» qui désormais est définitivement fermée.
Alain Peters, Marco Polot… à la vie à la mort
« Marco, je n’en connais pas beaucoup qui auraient pu faire ce que tu as fait pour moi quand tu m’as sauvé de la rue / Marco bonpé noré pa pi fèr sèt twé la fé pou mwin / Kan twé la ramas amwin dann somin ». Traduites du créole, ces paroles sont extraites de « Rest là maloya », une chanson dans laquelle Alain Peters ne cite que quatre personnes : sa maman, Patou la mère de sa fille, Ananda Devi sa fille, et Marco le petit orphelin de la route Déserte au Port, élevé par une vieille Malgache. Marco Polot de son vrai prénom et de son vrai nom. Parti trop tôt. Lui aussi. Retrouver Peters au paradis des vavangèr, parabolèr, kabarèr.
Les secrets de Toune dévoilés par un vieil album-photos
La belle Toune est née le 1er juin 1905 à Saint-Pierre de La Réunion. Elle fut l’une des premières femmes réunionnaises à obtenir le permis de conduire. Son destin extraordinaire la conduit jusqu’aux salons parisiens où elle sera mannequin pour le grand couturier Jean Patou. À travers un vieil album-photos retrouvé au fond d’un tiroir, voici l’histoire de celle que les intimes surnommaient Toune et qui est morte le 4 septembre 1997.
La Belle Étoile, sa terrasse, ses bains et sa légende créole
Allons boire une limonade à «La Belle Étoile» ! Un vieux rêve… même si l’enseigne et la mythique terrasse perchée sur les toits sont toujours là, oubliées dans le décor urbain. Ce fut l’un des premiers «cafés modernes» de la ville de Saint-Denis, un endroit «branché», ouvert en 1933, où l’on venait danser et scruter au loin vers l’océan pour tenter d’apercevoir… l’île Maurice. On y prenait aussi des bains ! Rendez-vous à La Belle Étoile.
Le testament de Madoré
«Moin lé né dann fantaisie !» L’enfance de Madoré a été bercée par les chanteurs de rue, les montreurs de marionnettes, les jacquots malbars, les gratteurs de banjo, les joueurs de bobre… Héritier de ces personnages fantasques du « théâtre » des quartiers populaires, il établira plus tard la rue comme sa véritable scène. Hommage à celui qui rêvait «d’horizons plus vastes ou de plus longues routes hantées des vents du large», Henri Madoré, le dernier chanteur de rue de La Réunion, né le 11 avril 1928, mort le 31 décembre 1988.
Wilhiam Zitte : pas d’amnésie pour le kaf
«Je me suis toujours construit sur la dissidence et la polémique», disait Wilhiam Zitte. Kaf Rebel [cafre rebelle], inventeur de l’arkréolozi [art/créologie], parti pour le dernier marronnage le 22 juin 2018, le marronage dont on ne revient pas, lot koté la vi [Kaf la baré…], Wilhiam Zitte a ouvert un chemin où le «kaf lé zoli». Ti somin, gran somin… alalila !
Les amants maudits traqués dans la ravine
Lorsque vous empruntez la route du Littoral en direction de Saint-Denis, peu après la Grande Chaloupe, vous distinguez dans un fouillis de verdure un hameau qui semble figé dans le passé : Ravine à Jacques. Il y a trois siècles, un esclave du nom de Jacques s’est jeté du haut de la falaise à cet endroit pour échapper aux chasseurs de marrons. Une histoire d’amour qui finit mal…