7 Lames la Mer - À la une

Ici vécut un phénomène : Célimène !

«Sa peau fut jadis sa douleur, sa peau qui n’a pas connu que fleurs», chante Jim Fortuné au sujet de celle qui se disait «infortunée créole» et rimait à «tort et à travers». Célimène Gaudieux demeure aussi mystérieuse qu’indémodable. L’impertinence de certains de ses textes, volontiers moucateurs, est finalement l’ancêtre de l’esprit rap. Hommage à celle qui disparut le 13 juillet 1864.

Chanteurs de rue : le bruit mat des pieds nus qui s’éloignent

Marchands de lait, de charbon, de fumier, de pistaches grillées, de pains, de sorbets. Colporteurs au ventre vide. Pour attirer la clientèle, les arpenteurs du macadam donnaient tantôt de la voix tantôt du bobre. Une romance, un pain… Histoire des chanteurs de rue et des montreurs de marionnettes dont le bruit mat des pieds nus s’est éloigné dans la nuit jusqu’à ce que les klaxons des voitures remplacent le séga-macadam.

La Kolère Ti Frère i larg pa nou !

«La kolère pran moi»… Des mots qui vibrent et une voix désormais éternelle pour un séga-ravane d’anthologie. Depuis, personne n’a égalé ce petit chef-d’œuvre d’une modernité sans faille : «Roseda», repris par de nombreux artistes. Et la colère de Ti Frère ne nous quitte plus.

Ratsitatane, un prince malgache exécuté à l’île Maurice

Ratsitatane té décapité le 15 avril 1822, Port-Louis, l’Ile Maurice. Mais kisa i connaît Ratsitatane ? Kisa té Ratsitatane ? Na point bon peu de monn i connaît ali, ici la Réunion. Et pourtant, Maurice, côté là-même, à peine 200 km, Ratsitatane st’in héros.

Jean-Valentin Payet, ou le roman déchiré

Il a assisté à l’exécution de Sitarane, failli mourir sur le front de Verdun, survécu à la terrible épidémie de grippe espagnole… La vie de Jean-Valentin Payet est un roman. Il meurt à 98 ans, le 30 mars 1992, alors qu’il se promène dans les rues de Paris. Voici l’histoire de celui qui aimait raconter les histoires de son île : La Réunion.

La «Petite fille du Bon Dieu» au cimetière de Saint-Denis (2)

La reine Ranavalona III arrive à La Réunion le 14 mars 1897 : il y a foule sur les quais au port de la Pointe-des-Galets et à l’arrivée du train à Saint-Denis pour apercevoir la dernière reine de Madagascar… Mais bientôt, un drame frappe la famille de Ranavalona III : la «Petite fille du bon Dieu» trouve la mort après avoir donné la vie. À suivre…

Le bon Goulou du «Séga Doré» !

Goulou, le «grand cafre», est parti à 77 ans, le 1er mars 2019. Il a marqué la mémoire portoise et réunionnaise avec son orchestre Les Glous Glous et leur unique 45 tours dont l’emblématique “Souk à li” a été popularisé par la radio. Hommage à Goulou, alias Florent Rocheland.

Moi Fanny, esclave, affranchie, émancipée, mère d’un poète révolté

Fanny, petite esclave, deviendra une des rares femmes d’affaires bourbonnaises. Affranchie le 27 février 1789, émancipée à 17 ans en 1795 pour fuir la prostitution, femme d’affaires à partir des années 1810. Elle est aussi la mère de sept enfants dont un poète révolté et anti-esclavagiste, Auguste Lacaussade. Destin d’une femme hors du commun qui découvrira que «la liberté ne fait pas d’un Noir un Blanc». Et encore moins une Blanche…

Seggae : Berger Agathe, mort sur le bitume, après Kaya…

Ce 22 février 1999, au lendemain de la mort suspecte de Kaya en prison, son ami, Berger Agathe — lui aussi chanteur de seggae — marche en direction du rond-point du Port Franc, en brandissant sa chemise blanche au milieu de scènes d’émeutes. Un policier au visage masqué met un genou à terre, vise et tire. Berger Agathe s’effondre sur le macadam ; il ne se relèvera jamais…

Lacaussade, né et mort parmi les révoltés

«Je suis né et je mourrai parmi les révoltés», confiait Auguste Lacaussade. Naître «bâtard» à l’île Bourbon, c’est n’être ni noir, ni blanc. «Zanzibar» et «Bamboula»… c’est ainsi que son compatriote Charles Leconte de Lisle le surnomme. Lui, Lacaussade, met en poésie sa révolte contre le système esclavagiste : «Mais pour l’esclave est-il des fleurs et du soleil ?»