Le mystère de l'île Juan de Lisboa reste entier. Cette île fantôme généralement localisée au Sud…
Une île connue, puis perdue, puis retrouvée… (4)
Un document rare nous a été livré par un amoureux des livres et de l’histoire réunionnaise : le récit détaillé de l’observation de l’île Juan de Lisboa en 1772, rapport publié dans un ouvrage intitulé : «Mémoires géographiques sur la mer des Indes» [Jules Codine, 1868]. Grâce à Alain Marcel Vauthier, nous pouvons donc plonger dans les mystères du grand océan… sur les traces de l’île portée disparue. Nous apprenons ainsi qu’«au nord-est est une grande baie dans laquelle se trouve un gros îlot» et qu’«un morne s’élève qui a la forme d’un pouce».
Observation d’une île mythique
Localisée généralement au Sud de La Réunion, l’île fantôme Juan de Lisboa apparaît et disparaît au gré des cartes établies par les navigateurs. Voici à ce sujet un récit rare : la retranscription de l’observation de cette île mythique.
Dans son ouvrage «Mémoires géographiques sur la mer des Indes» [1868], l’auteur, Jules Codine, rapporte différents témoignages sur l’île Juan de Lisboa et plus particulièrement celui contenu dans le journal du capitaine Sornin, au sujet duquel il est précisé que «néanmoins, l’ensemble du journal, tout mal rédigé qu’il me parait être, me confirme dans l’opinion de l’existence de Saint-Jean de Lisboa».
C’est un dénommé Buache qui s’exprime là. Plus loin, Buache fait part de ses observations concernant un compte-rendu de navigation que l’on doit à un dénommé Donjon, second d’un navire dont le nom reste mystérieux.
«Le vice-amiral Thévenard vient de publier un journal dans ses «Mémoires relatifs à la marine». Il y a joint une vue de la terre découverte et diverses considérations tendant à prouver l’existence de l’île Jean de Lisboa et à provoquer de nouvelles recherches à ce sujet».
«J’ai vu la terre»
L’extrait du journal de Donjon rapporte que «le 27 avril 1772, à neuf heures et demie du matin, faisant route à l’est-sud-est avec des vents de nord-est au nord-nord-est cinglant sous la misaine, grand frais avec un orage très violent, pluie abondante, éclairs et tonnerre tombant fréquemment, la partie du nord-ouest au sud-ouest étant très belle, j’ai vu la terre (…).
A la distance, par mon estime, de dix à douze lieues au plus, j’ai toujours continué le relèvement, et à onze heures, après avoir déterminé le capitaine à virer dessus pour nous en assurer, j’ai fait prendre les amarres à tribord, appareiller la grande voile et les deux huniers, tous les ris pris, gouvernant à ouest-nord-ouest ; mais après trois quarts d’heure, le capitaine, trouvant que le vaisseau fatiguait beaucoup, m’a obligé de reprendre la bordée de l’est-sud-est, ce que je n’ai fait qu’après lui avoir représenté le tort qu’il se faisait en ne s’assurant pas parfaitement de la terre. (…)
Nous avons toujours vu l’île dans la même position jusqu’à la nuit, le soleil ne l’ayant endommagée en rien à son coucher. Les vents, dans les vingt-quatre heures, nous ont enfin obligés de courir nord et ouest. Nous sommes arrivés le douzième jour de la vue de cette terre à Rodrigue avec quarante-sept lieues de différence à l’est, ce qui me fait croire que cette île existe dans les parafes de 76 à 80° de longitude est, et par 27°30′ de latitude sud. (…)»
Un morne qui a la forme du pouce
Un officier de marine, dans le même document, donne la description suivante.
«Saint-Jean de Lisboa est par la latitude de 27°26′ [le milieu de l’île], et par la longitude estimée lorsque nous l’avons vue de 73°36′. Nous avons été de ce point nous rendre à Rodrigue, onze jours, et à la vue de cette dernière île, j’ai eu 47 lieues de différence à l’est; ce qui me fait croire que Saint-Jean de Lisboa est entre 76 et 80° de longitude. Je l’ai relevée avec exactitude à huit lieues de distance.
Sa pointe du nord qui se présente en cap au nord-ouest quart ouest est à 4° nord, celle du sud qui est beaucoup plus allongée à l’ouest quart nord-ouest 4° sud, et le milieu de l’île à ouest-nord-ouest ; il m’a paru dans le nord-est une grande baie dans laquelle se trouve un gros îlot qui est aux deux tiers de la baie ; cette île n’est pas absolument élevée : il y a de remarquable un morne qui a la forme du pouce, la tête penchée vers le sud, cette terre paraît hachée vers l’est ; au coucher du soleil, nous avons fait les mêmes relèvements (…) ; nous étions couverts de goélettes grises et de beaucoup de petites blanches, et toutes ont fait route après le coucher du soleil sur ladite île. Ce qui me fait assurer que ce ne peut être que la terre, c’est que le soleil qui s’est couché dessus n’a rien changé à sa forme, ni aux relèvements du cours de la journée.»
Mais Juan de Lisboa garde tout son mystère.
A suivre…
Lire la suite : Conseils pour découvrir une île… qui n’existe pas (5)
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