Volcenay Zitte, le corps à Salazie, la tête à Saint-Denis
Dann cimetière Hell-Bourg, su la gauche, jusse derrière la croix dann milieu, na la tonm Volcenay Zitte. Mais dan la tonm, na rien que le corps, la point la tête. D’après sa que de moune i dit, la tête serait enterré Sainnis, i connaît pas quel côté. Mais qui sa l’était ce Volcenay Zitte ? Madame Tiburce, Grand Place, la dit : «La pas bon raconte zistoire le crime, à cause vi connaît, le zaffaire lé risquabe arlevé !»
Volcenay Zitte, bandit-les-hauts
Si in jour zot i sar batte carré dann cirque Salazie, allé faire inn ti tour dann cimetière Hell-Bourg : non seulement zot va trouve la tonm Augusse Lacaussade, sa que la écrit «Les Salaziennes», mais zot va trouve aussi inn ote tonm, sa de Volcenay Zitte, su la gauche, jusse derrière la croix dann milieu de cimetière.
Dans la tonm, na le corps Volcenay Zitte, mais rien que le corps, la point la tête. D’après sa que de moune i dit, la tête serait enterré Sainnis, i connaît pas quel côté. Mais qui sa l’était ce Volcenay Zitte ? Dann «Mémorial La Réunion», i raconte son zistoire.
Le dénommé Zitte la fait règne la terreur par-là l’année 1920, aussi bien dans les hauts de Saint-Paul, côté Guillaume, que dann cirque Salazie. Dann temps-là Zitte té i resse Bellemène. Li té in bougue costaud, violent, mais li té in joli créole brun, et toute de moune lavé peur de li. In peu i dit li té sorte dans les hauts de Sainnis, côté La Bretagne, avant de nir installe ali Bellemène.
Li la mette le zo dans la bouche le mort
D’après Jules Billaud, in bougue Salazie, li noré tué in vieux gramoune, dans les hauts de Saint-Paul, Bellemène, ou sinon Guillaume, pou vole son bann pièce en or. Quand li té fine tué le gramoune, li la fouille partout dans la case, mais li la pas trouve rien. Alors li la mette le feu. Trois-quate jour après-là, bann gendarme noré retrouve le bann pièce en or, lavé fonn ec l’incendie. D’après in certain Cuvelier, in bougue Hell-Bourg, Zitte noré viole inn femme Guillaume, après-là li noré touffe à elle ec de riz, et li noré tué à elle.
Francis Lebreton, in bougue Saint-Gilles-les-Bains, la raconté comment Zitte lavé tué in ferblantier, té i appelle Valide. Valide t’après fait cuit inn volaille, Zitte la tué Valide, li la mange le volaille et li la mette le zo dans la bouche le mort.
La soeur de Francis Lebreton ec son mari, Léo Monier, navé inn boutique Guillaume Saint-Paul. Zot lavé eu le malheur de dire que Zitte té i mérite la mort. Alors in soir, quand toute de moune té fine allé, Zitte la rente dans la boutique, et li la tué Léo Monier ec sa femme. Francis Lebreton navé douze-an à l’époque, zot té quatorze zenfant dans la famille.
Gendarme la monte in guet-apens
Michel Maillot, in bougue Marla, i raconte à l’époque pou allé Grand Ilet, de moune té obligé de marche par trois ou quate. Mais si ou té traverse tout seul, alors Zitte té i tonm dessus ou, li té dépouille aou. Na de fois, li té tué de moune pou vol zot zaffaire.
In jour, l’année 1920, gendarme la connu Zitte té vient Marla le soir, la case sa sœur. Zot la monte in guet-apens.
Joseph Manoro té dans l’équipe. Li la raconté. A la Nouvelle, zot la prend ec zot le garde forestier, té i appelle Albert Catisse. Zot la marche la nuite. Grand matin, zot l’arrive Marla. Zot la fait in l’arrangement ec la soeur de Zitte :
— A soir, quand ote frère v’arrivé, ou dit pas li rien, ou fait comme si toute té normal. Pou prévenir anou, ou envoye deux-trois poignée de grain de maïs conte la tôle.
Quand la nuit té sar tombé, Zitte l’arrivé
Bonna la cachette, in peu dans la case, d’ote dehors, derrière pied-de-bois. Inn journée zot la attann. Quand la nuite té i sar tombé, Zitte l’arrivé. Sa sœur la vu ali, li té deboute, li té à vingt mète la case.
Depuis trois-an li lavé laisse son cheveux poussé, té fine arrive longue, té fait pas loin in mète. Et son zongue aussi lavé poussé. La soeur la criye ali :
— Quo sa ti fait ? Vient atoué !
— In-in, la dit Zitte, i sent le blanc de casque, terre-là !
— I sent le blanc de casque, terre-là !
— Quel blanc de casque ? la dit la sœur, mi sent pas rien, moin ! Arrive aou donc ! Moin la fine tire ote manger !
En fin de compte, Zitte la rente dans la case. Jusse là-même, Albert Catisse la crié :
— Foncé !
Zot la tire coup de fusil su le cadave !
Zitte la lève son sabe, té in sabe numéro quinze. Albert Catisse la foute in coup de bâton dans le sabe, le sabe la vole en l’air. Là-même bann gendarme la sorte dans zote cachette, et zot la tire coup de révolver su le bandit.
Zot la tire au moins huit-dix balle, mais na rien qu’inn la touche ali, dann coin le vente. Zitte té blessé. Gendarme la anmarre ali su in brancard, pou amène ali Salazie.
Dann chemin, Zitte navé encore assez la force pou rode foute toute la bann dann fond rempart, ali avec. Té dans in passage serré, su le bord rempart. Zitte la secouye le brancard, pou foute ali au fond, mais li la pas ni à-bout. Mais Zitte la p’arrive vivant Salazie. D’après Francis Lebreton, avant d’arrive Grand Sabe, Zitte noré suicide ali : li noré déchire son vente ec son grand zongue.
Volcenay Zitte té mort, mais quand même sa, de moune lavé peur. La dépose son corps dans la mairie de Salazie, la mette in drap blanc dessus, et la prend deux sentinelle pou veillé. De moune i raconte navé inn branche pied-de-bois té fait l’ombrage su le drap, et quand le vent la levé, l’ombrage la bougé. Le deux sentinelle té tellement effrayé, zot la tire coup de fusil su le cadave !
La tête Zitte té amarré su in pliant
Lannmain matin, docteur Manès la fait l’autopsie. Madame Manès la raconté :
— Zot i connaît, lavé point de zinstrument pou fait l’autopsie. Alors la mette le cadave su inn tabe devant le cimetière. Navé in tas de moune autour. Docteur Manès la prend in menuisier pou scié le bann côte. Après-là, li la tire la tripe dehors.
Na in peu de monn la tonm faibe ! Quand l’autopsie té fini, la enterre le corps dann cimetière Hell-Bourg, mais la envoye la tête Sainnis, pou vérifié que té bien Volcenay Zitte. Madame Fessard, l’Ilet à Vidot, la dit elle la vu la tête passé, té amarré su in pliant. Jules Billaud aussi la vu : la tête, ec son grand cheveu, té su in l’espèce palanquin de goni.
Madame Tiburce, Grand Place, la dit :
— La pas bon cause toute sa là. La pas bon raconte zistoire le crime, à cause vi connaît, le zaffaire lé risquabe arlevé !
Jean-Claude Legros
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