Le 18 juin 1969, «La sirène du Mississipi» sortait sur les écrans. Tourné en partie à…
Une sirène dans le port de Saint-Pierre au 19ème siècle ?
Un témoignage insolite rapporte la présence d’une sirène dans le port de Saint-Pierre à la fin du 19ème siècle : «une jeune fille, avec une queue de poisson et une poitrine de petite fille, qui nageait, sautait, se reposait sur les rochers mais ne sortait jamais de l’eau»… Au bout de quelques jours, elle repartit vers la haute mer à l’approche d’un cyclone. Kriké kraké ? Sur les traces de la sirène du port de Saint-Pierre.
Elle a vu une jeune fille avec une queue de poisson…
«Il m’est revenu l’histoire que me racontait ma grand-mère. Elle était réunionnaise et est née en 1896. Elle racontait que lorsqu’elle était enfant une rumeur était arrivée jusqu’à la ville où elle habitait : on disait que dans le lagon de Saint-Pierre il y avait une jeune fille qui nageait, sautait, se reposait sur les rochers mais ne sortait jamais de l’eau. Elle s’est rendue au bord du lagon avec ses parents, comme des centaines d’autres personnes. Elle raconte que c’était devenu LA promenade de tout le monde. Et effectivement elle a vu une jeune fille avec une queue de poisson et une poitrine de petite fille, et cette jeune fille est restée quelques jours»…
Celle qui parle ainsi n’a laissé que ses initiales sur le net : F. Q. Nous avons trouvé son témoignage, par hasard, en consultant un article d’«Artivision» sur les légendes marines.
L’objet de nos recherches, le dugong1, mammifère marin de l’océan Indien en voie de disparition, nous avait menés, de fil en aiguille, à nous intéresser bien évidemment aux sirènes. Une fois de plus, le mystérieux principe de sérendipité s’était mêlé de nos affaires.
La sirène… décapitée !
«Une nuit, il y a eu une tempête et elle en aurait profité pour repasser par-dessus le récif de corail et repartir vers la haute mer, poursuit F. Q. Cette histoire peut paraître folle, mais lorsque vous entendez une femme de 90 ans vous la raconter, vous savez qu’elle ne ment pas».
Cette belle histoire — qu’elle soit vraie ou qu’elle soit romancée — a semble-t-il laissé peu de traces dans la mémoire collective réunionnaise, peu «hantée» par des légendes de sirènes. Et pourtant…
Sur le bord de mer de Saint-Pierre justement se trouve une statue de sirène. Qui elle-même a une histoire bien étrange. La première statue de sirène sur le front de mer de Saint-Pierre, tournait le dos à la mer. Elle a été décapitée… et remplacée en 2005, suite à une commande de la municipalité, par une nouvelle statue de sirène tournée, elle, vers la mer, et réalisée par des artistes indonésiens de passage. Cette nouvelle statue fut cependant elle aussi dégradée.
Cette statue est-elle là pour témoigner de la visite de cette mystérieuse sirène dans le port de Saint-Pierre, il y a plus d’un siècle ?
La petite sirène de Copenhague décapitée elle aussi
Une autre statue de sirène, célèbre à travers le monde, a connu elle aussi bien des dégradations dont des décapitations : la petite sirène de Copenhague au Danemark.
Inspirée du conte de Hans Christian Andersen, la statue représentant la petite sirène a été réalisée par le sculpteur Edvard Johannes Eriksen qui pour créer son œuvre fit appel à deux modèles : la ballerine Ellen Price pour le visage, et sa femme, Eline Eriksen, pour le corps.
En 1964, la statue de la petite sirène de Copenhague est décapitée à la scie. La tête ne sera jamais retrouvée. On fabriqua donc une nouvelle tête. En 1984, c’est son bras droit qui disparaît puis est restitué deux jours plus tard. En 1990, une tentative de décapitation échoue mais laisse une entaille de 18 cm dans le cou. En 1998, elle est décapitée une nouvelle fois mais sa tête est anonymement restituée et remise en place. Elle subit au fil des ans d’autres attaques mais les vandales ou admirateurs ne pourront jamais la faire disparaître car la statue qui se trouve dans le port de Copenhague n’est qu’une copie : le moulage d’origine est tenu caché dans un lieu secret.
La sirène de la petite rivière Saint-Jean
Du côté de l’est de l’île, il y avait aussi une histoire de sirène… La sirène de Quartier Français ! Laquelle a laissé plus de traces dans les mémoires comme en atteste l’ouvrage «Les filles des eaux dans l’océan Indien : mythes, récits, représentations …» publié par Bernard Terramorsi et Clément Sambo suite à un colloque international.
«C’est une histoire du temps où la rivière était forte. (…) Toutes sortes de poissons venaient se balader dans la rivière. (…) Au milieu de tous ces poissons, il y en avait un qui était un peu spécial, les gens l’appelaient «la sirène». On disait qu’elle avait en haut un beau corps de femme avec une longue chevelure ; et en bas, un corps de poisson couvert d’écailles. Il paraît qu’elle n’avait pas de pieds. Un jour, elle est passée par la petite rivière Saint-Jean et elle trouva une caverne près du pont de la cascade “Délices” et en fit sa maison. La journée, elle allait à la mer pour attraper des poissons à manger et le soir, elle rentrait dans sa caverne. Les vieux disaient aux enfants : “faites attention, il ne faut pas aller à la rivière à l’heure où la sirène rentre à la maison, sinon, elle pourrait vous attraper”. (…) Ce qui était bizarre, c’est qu’on ne pouvait pas voir le fond de la caverne : il y avait un rideau d’eau qui coulait dessus. (…) Il y avait toujours une espèce de chose blanche au fond.»
«Maloya la sirène»
Comme toutes les légendes, celle de la sirène de Quartier Français avait ses fonctions sociales : aux heures indiquées par les vieux, il fallait déguerpir de la rivière et rentrer à la maison… «Quand on entendait l’usine sonner 11h30, tous les enfants au bord de la rivière se dispersaient comme des oiseaux, sans attendre midi et la sirène. (…) Et quand le soir arrivait, la cloche de l’église sonnait 6h : on aurait pu se casser le cou dans les remparts s’il le fallait, mais on courait, on se sauvait de la rivière pour ne pas rencontrer la sirène.»
Mais quand il s’agissait d’envoyer les filles laver le linge à la rivière et que celles-ci avaient peur de rencontrer la sirène, c’était une autre histoire, une autre version de l’histoire… La version pour les filles ! «Dans le temps, une petite fille sortit de chez elle pour aller faire sa première communion. Elle passa sur le pont de la rivière «Délices» et tomba à l’eau et alors qu’elle se noyait, la sirène arriva, l’attrapa et la posa sur le bord de la rivière. Elle lui sauva la vie»… Ainsi allaient les petites filles à la rivière laver le linge, sans craindre ni la noyade ni la sirène de Quartier Français.
Mais revenons à notre sirène du port de Saint-Pierre… pour la retrouver dans les paroles du maloya d’un artiste de la capitale du Sud : René-Paul Elléliara. «Maloya la sirène»…
«Ti fiy la sirène i abite laba dann’ milié la mer
Asoir m’alé voir a li domann a li kaiyé maloya
La sirène oté la sirène
O koman la sirène la pa vol amoin
La sirène oté la sirène»
7 Lames la mer
Mananga, disparu 7 jours et 7 nuits avec une femme-poisson
Une histoire qui nous vient du Port, rapportée par le poète Patrice Treuthardt, dans son livre «Pipit marmay Le Port». L’histoire de Mananga, un homme qui disparut pendant 7 jours et 7 nuits… On le retrouva, au bout de 7 jours et de 7 nuits, dans le port, du côté de Titan, le corps couvert de corail et de coquillages : il parlait avec la mer…
Un jour, il confia son secret à un ami : une femme-poisson l’avait emmené dans l’eau, dans son château, une jolie sirène du «pays-dehors»… «é zot la parti loin, loin-mèm, pli loin, pli loin ninportékel rèvman !»
ô dock dock et kadok
Patrice Treuthardt
bassins des jeux de mon enfance
quelle sirène donc
s’est penchée sur le ber de ma naissance
car de port en port
de Saint-Pierre jusqu’au Port
j’ai des algues marines pour couche
et là
dans ma mémoire
j’habite
une ville qui vient de la mer
de haute mer
indienne
Extrait de «Retour au Port natal»
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