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Esclaves jusqu’à la mort de leur maîtresse, Nanon et ses deux enfants sont affranchis en mars 1736. Le registre précise : « la nommée Nanon, négresse malgache de 24 ans et ses deux jeunes enfants, Geneviève (5 ans) et Jérôme (2 ans), tous trois esclaves estimés ensemble à 800 livres »...
Telle est la volonté de Rose...
C’est le 1er mars 1736, il y a 282 ans, que la succession de Rose Duhamel, veuve de Melchior François Lagrenée, qualifié de « bourgeois », est réglée, à Saint-Paul, comme le rapportent les registres du greffe du Conseil Supérieur de l’Ile Bourbon.
Dans l’inventaire des biens liés à la succession de Rose, figurent : « la nommée Nanon, négresse malgache de 24 ans et ses deux jeunes enfants, Geneviève (5 ans) et Jérôme (2 ans), tous trois esclaves estimés ensemble à 800 livres ». Nanon est décrite comme celle « qui a nourri Simon Lagrenée, fils aîné des dits Sieurs et Dlle. Lagrenée ».
Sentant la mort approcher, Rose rédige son testament le 23 février 1736, dans la grande maison de bois équarri qu’elle possède à Saint-Paul. Nanon et ses deux enfants, esclaves de la famille, seront affranchis à la mort de Rose. Telle est la volonté de Rose.
Les « privilèges » dont jouissent les personnes nées libres...
Les registres du greffe du Conseil Supérieur de l’Ile de Bourbon précisent : « elle aurait accordé la liberté par son dit testament (…). Le Conseil a homologué la dite requête. En conséquence, il permet au dit Sieur Paul Sicre de Fonbrune — écuyer, Chevalier de l’Ordre Royal et militaire de Saint-Louis, exécuteur du testament et ordonnance de dernière volonté de défunte Demoiselle Roze (sic) Duhamel, sa belle soeur —, d’affranchir la nommée Nanon, négresse malgache et ses deux jeunes enfants, Geneviève et Jérôme, tous trois esclaves appartenant à la succession de la dite Dlle Rose Duhamel, pour jouir par eux des privilèges dont jouissent les personnes nées libres. »
On ne peut s’empêcher de songer à la réflexion du poète Evariste de Parny [1], qui 40 ans plus tard, déclarera : « On troque tous les jours un homme contre un cheval : il est impossible que je m’accoutume à une bizarrerie si révoltante ».
[1] Lire à ce sujet : 6 février 1753 : Évariste, l’anti-esclavagiste et ses chansons madécasses...
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