Siya, une Indienne au cœur du maloya ?

Un des personnages les plus emblématiques du maloya traditionnel serait une… Indienne. À La Réunion, tout le monde la connaît sous le nom «Monmon Siya», celle qui ne dort jamais dans une maison qui ne lui appartient pas [la kaz la pa moin mi dodo pa]. Du chant sacré de l’hindouisme au maloya, Siya, une même femme pour deux rituels. Une chose est certaine : «Monmon Siya» est depuis longtemps devenue Réunionnaise.

Rama et Sita (Siya).

Vingt-quatre mille strophes de quatre vers


Siya est le personnage central de l’épopée hindoue «Râmâyana», composée par le grand poète indien, Vâlmîki.

Le «Râmâyana» est un long poème, daté du début de l’ère chrétienne et qui est aujourd’hui toujours chanté avec dévotion. Considéré comme une œuvre fondamentale de l’hindouisme, il comprend vingt-quatre mille strophes de quatre vers et retrace l’histoire mythologique de Râma et de Sītā [alias Siya].

«Il raconte la naissance et l’éducation du prince Râma, septième avatar du dieu Vishnou, la conquête de Sītā et son union avec elle. L’œuvre raconte également l’exil de Râma, l’enlèvement de Sītā, sa délivrance et le retour de Rama sur le trône».

Sita et le cerf d’or, par Raja Ravi Varma (29 April 1848 – 2 October 1906).

Siya, figure emblématique de l’imaginaire réunionnais


Comment le personnage de Siya est-il arrivé jusqu’à nous et jusqu’à notre maloya ? Jusqu’à en devenir une figure emblématique qui a marqué l’imaginaire réunionnais, avec une empreinte certes moins répandue que celle de Granmèrkal mais tout aussi mystérieuse et entêtante ? L’esclavage et l’engagisme sont bien évidemment passés par là.

Dans le maloya «Kafé griyé» interprété par Firmin Viry[voir vidéo à la fin de cet article] et enregistré en 1976 au cours du IVème congrès du Parti Communiste Réunionnais, «Monmon Siya» est qualifiée de «belle indienne» : «O Siya zindyène zoli – Ô Siya, belle Indienne».

Cependant, une autre version met en évidence un refrain tout à fait différent : «Robe Siya zindyène zoli» ; comprenez : la robe de Siya est faite d’une belle toile indienne [Source : La Maison du Maloya]. Alors, notre «monmon Siya» est-elle la même que la Siya du «Râmâyana» ?

La cour de Rama.

Siya indienne, mozambicaine… Réunionnaise !


«Dans le «Kafé griyé» de Firmin Viry, Siya, l’héroïne des versions populaires tamoules du «Râmâyana» s’incarne en une ouvrière des plantations à La Réunion, dont Viry a indiqué, dans une interview, qu’elle devait être perçue comme étant d’origine mozambicaine»1.

Voilà donc une Siya indienne, mozambicaine… Réunionnaise ! «7 Lames la Mer» vous invite à [re]découvrir le magnifique «Ram Siya Ram… Siya Ram Jai Jai Ram» [voir vidéo ci-dessous]. Long chant lancinant, envoutant, entêtant.

Ram Siya Ram, Siya Ram Jai Jai Ram…

7 Lames la Mer
Merci à Jean-Régis Ramsamy, journaliste, écrivain, qui nous a fait découvrir : «Ram Siya Ram, Siya Ram Jai Jai Ram»


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Graphie et traduction inspirées de « Viry 1976 », MCUR, page 16, 2005. Une autre version, tout à fait plausible, évoque un refrain différent : 'O Siya donne ma gété, Robe Siya zindyène zoli'. La robe de Siya est faite d'une belle toile indienne. Source : La Maison du Maloya.
Graphie et traduction inspirées de « Viry 1976 », MCUR, page 16, 2005. Une autre version, tout à fait plausible, évoque un refrain différent : ‘O Siya donne ma gété, Robe Siya zindyène zoli’. La robe de Siya est faite d’une belle toile indienne. Source : La Maison du Maloya.

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  1. «Viry 1976», MCUR, page 9, Françoise Vergès, Carpanin Marimoutou, 2005.