Est-ce la silhouette floue de l'auteur de «Spleen» que l'on aperçoit à l'arrière-plan de cette photo,…
Le fantôme d’Hugo Chavez rode toujours parmi nous
Disparu le 5 mars 2013, Hugo Chavez est toujours bien vivant dans les cœurs et les esprits de centaines de millions d’être humains qui ont reconnu en lui le second libérateur de l’Amérique Latine et au-delà le défenseur des exploités et des pauvres à travers le monde. Son fantôme rode toujours parmi nous.
Hugo Chavez, idole des peuples à travers le monde et bête noire de l’establishment mondial
A l’heure où le Venezuela vit une intense campagne de déstabilisation menée par l’opposition de droite, incapable de gagner une seule élection depuis 15 ans, dans la rue et dans les médias nationaux et internationaux, le Parti de Gauche à La Réunion tient à rendre hommage au Commandant Hugo Chavez, un an après sa mort. Victime d’une propagande honteuse et mensongère de la part de médias internationaux entièrement à la solde des multinationales qu’il a combattues tout au long de sa vie, celui qui restera dans l’histoire de son pays et de son continent comme le second libérateur de l’Amérique Latine, après Simon Bolivar, a littéralement sorti son peuple de la misère et de la pauvreté dans lesquelles le maintenait depuis des dizaines d’années une oligarchie corrompue qui pillait les ressources premières du pays avec le soutien des Etats-Unis d’Amérique.
Réduction de plus de la moitié de la pauvreté et de l’illettrisme [on est très loin de pouvoir en dire autant à La Réunion], obtention de la citoyenneté vénézuélienne pour plus de 4 millions d’indiens « autochtones » qui en étaient privés jusque là, gratuité du système de soins et d’éducation qui profite aux plus pauvres, adoption de la Constitution la plus démocratique au monde qui permet, entre autres, de révoquer un élu à mi-mandat par l’intermédiaire d’un référendum populaire [ce ne sont pas nos élus cumulards de la 5ème République qui peuvent venir donner des leçons à Chavez lui qui a remis en jeu son mandat deux ans après son élection], processus d’intégration régionale favorisant la solidarité et la coopération entre les peuples latino-américains et caribéens à travers l’UNASUR1, PetroCaribe2, la CELAC3 ou encore le MERCOSUR4 : tel est le bilan, non exhaustif, incontesté et incontestable de la Révolution Bolivarienne depuis 15 ans. Révolution pacifique et démocratique initiée, portée et symbolisée par Hugo Chavez, idole des peuples à travers le monde et véritable bête noire de l’establishment mondial.
Les USA présentaient le Libertador Simon Bolivar comme un «César assoiffé de pouvoir»
Alors certes il reste beaucoup à faire dans ce pays qui connaît une corruption et une violence endémiques, fruits du système politique bipartite qui a dirigé le pays pendant cinquante ans avec le soutien total des Etats-Unis. La Révolution Bolivarienne n’a pas réussi à les éradiquer, malgré une volonté évidente de s’y attaquer. De la même manière la diversification de l’économie vénézuélienne n’a pas encore eu lieu malgré l’évidente précarité de la rente pétrolière. Malgré ces difficultés qui relèvent bien plus de l’histoire du pays sur le temps long que d’un projet politique particulier, comment peut-on expliquer les tombereaux d’insultes et de haines déversés par les médias internationaux, occidentaux devrais-je plutôt dire, sur cet homme qui a fait plus pour son peuple que l’ensemble des leaders occidentaux réunis pour les leurs ?
Chavez un dictateur ? Il est arrivé au pouvoir suite à des élections et a gagné toutes les élections suivantes pendant quinze ans, toutes reconnues comme transparentes par l’ensemble de la communauté internationale y compris par l’Union Européenne ou la fondation de l’ancien Président américain Jimmy Carter. L’écrasante majorité des médias vénézuéliens appartient à l’opposition et ceux-ci appellent quotidiennement au renversement du régime. Drôle de dictateur dont la légitimité démocratique est incontestable et qui laisse s’exprimer ceux là mêmes qui veulent le renverser. Plus encore, suite au putsch du 11 Avril 2002 qui a vu une partie de l’armée renverser le gouvernement démocratiquement élu [à l’image du Chili d’Allende] avec le soutien actif des Etats-Unis d’Amérique [que l’on se souvienne seulement de Condoleeza Rice, secrétaire d’Etat de Georges W BUSH, venue en avant première mondiale annoncer toutes dents dehors la réussite de ce coup d’état et reconnaitre dans la foulée le nouveau pouvoir putschiste], les instigateurs de ce putsch ont été laissés pour la plupart en liberté, dont Henrique Capriles, chef de l’opposition. Ce sont les mêmes qui commanditent les manifestations actuelles sur fond de pénurie organisée et de guerre économique, selon une stratégie adoptée et assumée par Henry Kissinger, secrétaire d’Etat américain aux Affaires Etrangères durant les années 70, que l’on pourrait qualifier de « stratégie à la chilienne ».
Décidément Chavez est un bien piètre dictateur, lui qui laisse en liberté ceux la même qui étaient à deux doigts de l’exécuter et qui en ont été empêchés par l’immense marée humaine descendue des quartiers populaires pour exiger la libération du président qu’ils avaient élu, ainsi que par la loyauté d’une bonne partie de l’armée. Rien de nouveau sous le soleil, la propagande américaine présentait déjà, il y a deux siècles, le grand Libertador Simon Bolivar comme un «César assoiffé de pouvoir».
Par sa politique, Chavez a montré qu’une autre voie est possible, en faveur du peuple
Chavez un dangereux communiste ?
Là aussi soyons sérieux : 80% de l’économie vénézuélienne est aux mains du secteur privé, drôle de communiste ce Chavez qui laisse les secteurs clés de l’économie vénézuélienne dans les mains des capitalistes. Les médias occidentaux lui reprochent d’avoir nationalisé le pétrole, lésant ainsi les multinationales qui se gavaient sur le dos du peuple vénézuélien, mais en réalité il a simplement réclamé et obtenu que celles-ci versent les royalties prévues dans le contrat signé avec l’Etat vénézuélien : crime de lèse-majesté s’il en est !
Un gouvernement qui fait appliquer la loi au bénéfice de son peuple et de l’intérêt général : sacrilège ! Ce ne sont pas nos gouvernants européens actuels, particulièrement nos « socialistes » français, qui peuvent en dire autant. Eux préfèrent tourner le dos à tous leurs engagements pour mieux signer en catimini un Grand Marché Transatlantique qui donne tous pouvoirs aux multinationales et dépouille les états nationaux de leurs prérogatives économiques et sociales. Voilà la véritable raison de leur mépris vis-à-vis de Chavez : par sa politique il a montré qu’une autre voie est possible, en faveur du peuple, des classes défavorisées et de l’intérêt général. Exactement le contraire de notre gouvernement, soumis comme jamais à la Troïka [FMI, Banque Mondiale, Commission Européenne] et aux multinationales [GMT et MEDEF]. La haine qu’ils éprouvent à l’endroit de Chavez et de ses héritiers est proportionnelle à leur propre renoncement à améliorer concrètement les conditions de vie du peuple français. Le courage politique dont il a fait preuve met en relief leur propre lâcheté, pour ne pas dire leur trahison.
Grand humaniste, orateur hors pair, véritable conscience du monde [comme l’a montré son immense discours au sommet de Copenhague en 2009], infatigable défenseur de son peuple, tour à tour chanteur et poète, Hugo Chavez incarnait à la perfection la culture populaire créole, drôle et touchante, que déteste tant la bourgeoisie blanche vénézuélienne qui n’a que mépris pour le « peuple basané » comme elle l’appelle. Doué d’une personnalité inclassable il a apporté, par sa verve, son humour, son intransigeance vis-à-vis des puissants, son intelligence, sa puissance de raisonnement, son éloquence, sa chaleur humaine, une véritable dimension jubilatoire pour son peuple, son continent et au-delà pour l’ensemble des opprimés de la planète qui ont vu, enfin, un dirigeant issu des classes populaires prendre leur défense et ridiculiser leurs oppresseurs. Il faut faire preuve de la plus grande cécité politique, et ne rien comprendre à l’Histoire, pour ne pas voir cela. Ou bien être un agent des multinationales et des gouvernements occidentaux qui, eux, ont compris depuis le début le danger que représentait, et que représente encore, cet homme pour l’ordre établi.
L’incarnation de la réussite de la Théologie de la Libération
Fils spirituel des combats progressistes menés par les générations latino-américaines antérieures, il est l’incarnation de la réussite de la Théologie de la Libération, lui qui a réussi la synthèse parfaite entre socialisme et christianisme. Renouant avec l’esprit des premiers chrétiens, cette lecture progressiste, émancipatrice, égalitaire, révolutionnaire et humaniste du message christique — en totale opposition avec les églises établies qui en ont fait, à travers les siècles, un puissant outil de domination visant à domestiquer les corps, les âmes et les esprits pour mieux asseoir leur pouvoir temporel — a connu un succès foudroyant en Amérique Latine, et ailleurs notamment à La Réunion, parmi le bas clergé et le peuple depuis les années 70.
Malgré la répression féroce dont elle a été l’objet au sein même de l’Eglise, répression dont le Cardinal Bergoldio [le Pape François] a été l’un des agents les plus zélés en Argentine sous la dictature de Videla, cette nouvelle théologie a embrasé les cœurs et les consciences de millions de personnes, rendant possible l’actuel renversement de l’Histoire qui voit des gouvernements progressistes [réformistes ou révolutionnaires] gouverner la quasi-totalité du continent. Chavez en a été à la fois le symbole et le fer de lance. Il répétait souvent cette phrase que sa grand-mère, qui l’a élevé, lui disait quand il était petit : « Mon garçon écoute le message du Christ mais n’écoute surtout pas les curés ».
Comme la Commune de Paris ou le programme du CNR dans l’histoire de la France, la Révolution Bolivarienne est un profond marqueur idéologique entre la gauche et la droite au niveau mondial. Au-delà des discours de façade, il est un moyen efficace de savoir la véritable identité politique de celui qui s’exprime selon sa position vis-à-vis de Chavez. A l’aune de ce constat il est aisé de dire que le gouvernement « socialiste » qui nous gouverne est de la pire droite qui soit : celle qui ne s’assume pas et prend des dehors progressistes à travers des lois sociétales qui ne peuvent masquer leur politique économique et sociale de droite pure et dure. Pire encore sur le plan international, le Président de la République François Hollande a détourné l’avion du Président bolivien Evo Morales, frère de sang et camarade du Commandant Hugo Chavez, au mépris le plus total du droit international et mettant ainsi sa vie en danger pour complaire au gouvernement des Etats-Unis qui pensait qu’Edward Snowden se cachait à l’intérieur. Pathétique laquais qui affaiblit l’image de la France. L’Histoire sera sans pitié avec un tel pantin qui bafoue la souveraineté d’un pays ami et humilie notre propre pays par la même occasion.
Hugo Chavez inspire et inspirera encore longtemps
Après la mort d’Hugo Chavez qui restera dans l’Histoire et dans le cœur des peuples comme le plus grand dirigeant socialiste de ce début du siècle, le Parti de Gauche à La Réunion tient à honorer sa mémoire et à faire vivre son héritage politique. Bien que physiquement mort, son esprit est toujours vivant parmi l’ensemble des opprimés et des exclus qui se reconnaissent toujours en lui. Il inspire, et inspirera encore longtemps, les forces progressistes tout autour de la planète. Il constitue pour nous une sorte de phare qui nous éclaire en permanence pour ne pas nous égarer dans l’obscurité et la pénombre d’un système capitaliste financier à l’agonie qui broie les peuples et exploite sans vergogne les classes populaires.
Partout où les injustices sont légion, où les riches deviennent de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres, son fantôme rode parmi nous. Ne le voyez vous pas parfois chez nous, à La Réunion, lorsque les inégalités explosent et le sentiment d’injustice grandit de jour en jour ? Ne le sentez vous pas se manifester lorsque les humiliations quotidiennes d’une société post coloniale deviennent à ce point normalisées qu’elles se font au grand jour sans aucune gêne ? Ne l’entendez vous pas fustiger ces nouveaux colons qui traitent les réunionnais de « singes pensants » ou d’assistés paresseux et fainéants ?
Camarade Hugo, frère humain, je m’adresse à toi par-delà les frontières de la mort : merci pour nous avoir redonné dignité et honneur, merci pour nous avoir permis de reconquérir notre liberté, merci pour nous avoir montré la voie à suivre sur le long chemin de l’émancipation ! Réunionnaises et réunionnais, suivons son exemple et celui du peuple vénézuélien qui se sont levés pour défendre leurs droits bafoués et ont combattu fièrement pour l’égalité et la justice sociale. Rien n’est impossible, l’avenir est entre nos mains.
Le peuple uni ne sera jamais vaincu.
Perceval Gaillard
Pour le Parti de Gauche à La Réunion,
Mars 2014
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